Girondins : Albert Riera, la caricature de ce qui ne marche pas ?

Ce samedi 27 avril, aux alentours de 20h50, Mikaël Lesage met un terme à une rencontre particulièrement marquante. Sur la pelouse du Stade Lavallois, les Girondins de Bordeaux ont été au paroxysme du ridicule. A son arrivée en octobre dernier, en remplacement de David Guion, Albert Riera dévoilait son plan d’attaque. « Il a aussi abordé ses principes de jeu en affirmant aux joueurs qu’il était là pour monter, avec la promesse de les aider à s’améliorer« , expliquait un témoin du premier entrainement de l’Espagnol à L’Equipe.

Dans sa première interview en tant qu’entraineur bordelais, Albert Riera a justement fait l’étalage de ses idées de jeu. Claires, ces dernières montraient une réelle envie de bien faire. « Le résultat est la conséquence de tout ce que tu fais pendant 90 minutes, affirme-t-il à Sud Ouest. Il faut contrôler tout ce que l’on peut. Je n’aime pas le facteur chance, si tu ne frappes pas au but, tu ne marques pas. Il faut avoir plus d’occasions et trouver les solutions pour s’en créer.« 

Mais six mois plus tard, on ne peut pas dire que la mayonnaise ait totalement pris. D’un point de vue collectif, il est vrai que les Girondins de Bordeaux ont désormais une identité bien définie. Mais si cette dernière a pris forme au bout de quelques semaines seulement, elle est ensuite devenue, trop souvent, la caricature d’elle-même.

Albert Riera et les limites du beau jeu

Il est tentant de se demander si toutes ces idées d’Albert Riera ne furent pas que poudre aux yeux. La première rencontre du technicien espagnol sur le banc des Girondins de Bordeaux fut un déplacement à Angers. Défaite 2-0, mais défaite encourageante. Oui, car les Marine et Blanc perdent enfin avec panache. 63% de possession en fin de rencontre et 16 tirs au but. Après ce premier match, on veut en voir plus. Les deux rencontres qui suivent (nul face à Rodez, défaite à Bastia) nous laissent toutefois sur notre faim.

Il faut attendre un très grand Zan Vipotnik face à Annecy, le 11 novembre 2023, pour voir la première victoire des Girondins de Bordeaux de l’ère Albert Riera. Dans le jeu, la patte se dessine. Les circuits de passes sont largement raccourcis et le tempo ralenti. Mais à quel prix ? L’irrégularité dont ont fait preuve les joueurs jusqu’à l’écriture de cette analyse laisse croire que tout n’est pas si simple. Pour le Majorquin, tous les joueurs doivent pouvoir être utiles offensivement. Mais n’y a-t-il pas une certaine naïveté dans ce schéma de pensée si on le réduit au contexte girondin et l’effectif qu’il a entre les mains ?

Bordeaux s'impose contre Dunkerque grâce à Vipotnik et Davitashvili. (Icon Sport)
Bordeaux s’impose contre Dunkerque grâce à Vipotnik et Davitashvili. (Icon Sport)

« Après, il n’y a pas que les attaquants, c’est un travail de tous. J’ai parlé avec Yoann Barbet, en lui disant qu’avec moi tu vas aussi jouer n° 10, si un défenseur te donne un bon ballon, le jeu va forcément mieux« , assurait-il, toujours lors de sa première entrevue avec SO.

Ce qui peut être assez fin à noter, c’est que la moyenne de possession des Girondins de Bordeaux lors de toutes les victoires du club en Ligue 2 sous Riera est de « seulement » 53%. Lorsque les Marine et Blanc ont perdu ou fait match nul, la possession de la formation bordelaise était en moyenne de… 63,5%.

S’est-il trompé ?

Le dernier match face à Laval est tout simplement la caricature du beau jeu. Cette forme de football qui fait croire que si le match avait duré éternellement, Bordeaux n’aurait quand même jamais marqué. Et quand on en arrive à tirer des conclusions en ayant l’infinité du temps comme repère, on peut palper cette lassitude ! Face aux Tango, les Girondins ont tenu la balle pendant 80% du match. Une statistique immense. Rares sont les matchs au cours desquels l’adversaire touche si peu de ballons. Et à lire comme cela, on pourrait croire que Bordeaux a largement dominé son vis-à-vis. Mais ce n’est même pas le cas.

Albert Riera aux commandes lors de Laval - Bordeaux (Icon Sport)
Albert Riera aux commandes lors de Laval – Bordeaux (Icon Sport)

Face à Laval, Bordeaux n’a tiré que 6 fois au but en ne cadrant qu’à une seule reprise. Défaite 1-0 dans un match où Laval a terminé avec de meilleurs expected goals (xG), plus de tirs, plus de tirs cadrés, autant de corners et seulement un seul sauvetage du gardien. Le tout, en ne réussissant que 124 passes au cours de la partie. La caricature du beau jeu à son paroxysme est bien là. Face à Laval, Bordeaux a perdu pied, à l’image du carton rouge distribué à Gaëtan Weissbeck… et à Albert Riera.

Alors, Albert Riera, génie ou imposteur ? En donnant une véritable identité de jeu aux Girondins de Bordeaux, l’Espagnol a finalement un bilan ambivalent. Peut-on lui accorder des circonstances atténuantes ? Il pensait pouvoir avoir la main sur le mercato hivernal 2024 mais la direction sportive n’a accueilli aucune recrue. Quand on regarde les statistiques de plus près, Bordeaux a plus que largement manqué son devoir offensif. Sur toutes les rencontres que les Marine et Blanc n’ont pas gagnées, la part de tirs cadrés par rapport au total de frappes est minime. Peut-on conclure qu’il manque des profils de joueurs à cet effectif ? De tout cela, qu’en pensent les supporters ?

L’avis des supporters : Albert Riera, génie ou imposteur ?

Sur SupGirondins, les supporters ont tous leur mot à dire. Média qui se veut ouvert à la parole de tous, il fallait tenir le rang en recueillant quelques témoignages de supporters girondins. A la question « Albert Riera, génie ou imposteur ? », les réponses ont été éparses. « Un très grand imposteur ça c’est sûr. Aucune flexibilité tactique, il se cache derrière ses stats de possession (entre autres) et est incapable de se remettre en question. La définition même de ‘mourir avec ses idées‘ », explique @maxim_vnr. « L’impression qu’il ne se remet jamais en question« , estime aussi @leopoldgmz.

« Ni l’un ni l’autre. Quelconque, bonimenteur, à l’image de son président » selon @SebCycO. « Une propension à nier la vérité, à se mettre tout le monde à dos, à nous ridiculiser (…) Il est impossible de le juger sur ses capacités d’entraineur, au vu du bordel à tous les niveaux de ce club. Au final à part les polémiques, c’est Guion 2, digne successeur d’un endormissement de notre club« .

D’autres nuancent un peu plus leur réponse en expliquant que le mot « imposteur » est un peu fort. Albert Riera souffrirait peut-être de son trop plein d’ambition, lui qui ne serait « pas fait pour la Ligue 2. (…) Il n’a pas une équipe très qualitative et réceptive aux consignes. » (@Myx33_). « Pour moi c’est un très bon entraineur qui n’a pas l’air de vouloir adapter son projet de jeu à son effectif et aux autres équipes de Ligue 2. En plus, il s’est, dès le départ, enfermé dans une communication trash, à buzz, qui renvoie une mauvaise image de lui et du club« , selon @nlg_Nathan. Comme eux, @dgg_cmpgn « respecte l’homme« , qu’il conclut toutefois d’un simple et incisif « next« . Pour @secourseste, « La manière dont il joue n’est pas faite pour ce championnat (…) toutes les équipes qui montent bétonnent derrière« .

D’autres sont convaincus qu’avec un contexte différent, un effectif agrémenté de joueurs réceptifs à ce style demandé et une préparation estivale complète, la Ligue 1 ne sera plus juste une illusion. « Je pense que ses idées de jeux sont bonnes mais elles ne sont pas compatibles avec notre situation sportive actuelle. (…) Dans l’hypothèse où on reparte bien en Ligue 2, avec des ajustements (ailiers plus percutant, 9 plus technique,…) je pense qu’il peut faire monter l’équipe en Ligue 1« , estime @AxelMo19.

Enfin, d’autres voient en lui l’entraineur idoine pour faire monter les Girondins de Bordeaux. Celui qui a des idées largement à la hauteur. « À l’échelle de la deuxième division française, c’est un génie, selon @louisdmg7. On est devenu une équipe avec une vraie identité de jeu et si on n’avait pas des joueurs aussi médiocres dans les derniers mètres, les réactions seraient très différentes. Espérons qu’il ait une deuxième saison. » Quant à @FrereDindon, Albert Riera doit rester car c’est un « bon tacticien » aux « idées cohérentes » malgré son manque d’adaptation à l’effectif qu’il a eu. « Si le club ne meurt pas cet été, j’aimerais qu’il reste dans la mesure où je crois vraiment en ce qu’il dit« , conclut-il.

« Albert Riera a de vrais principes et idées de jeu. (…) Par contre, je reproche son adaptation à l’adversaire. Bordeaux a trop perdu souvent les ‘mêmes’ rencontres avec des scénarios identiques sans réussir à contrer l’adversaire. J’aimerai le voir avec une vraie préparation estivale, un mercato qu’il mène (avec un vrai DS) pour voir ce qu’il vaut vraiment« , conclut @Julian_Doubax.

(SupGirondins décline toute responsabilité concernant le choix des mots utilisés par les supporters)

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